Redoublement des efforts des médias pro-OTAN dans leur propagande entourant l’attentat terroriste perpétré à Moscou

Alors que de plus en plus d’informations font surface impliquant les États-Unis et l’Ukraine dans l’attaque terroriste de vendredi perpétré dans une salle de concert à Moscou, les médias pro-OTAN redoublent d’efforts dans leur propagande entourant l’attentat. Selon les derniers chiffres publiés par les autorités russes, 139 personnes auraient été tuées dans l’attentat, 93 étant toujours hospitalisées et neuf d’entre elles dans un état critique.

Sur cette photo tirée d’une vidéo publiée par le Comité d’enquête de Russie le samedi 23 mars 2024, des pompiers s’affairent dans la salle de concert après l’attentat perpétré au Crocus City Hall dans la périphérie ouest de Moscou. [AP Photo/AP Photo / Russlands etterforskingskomité]

Les quatre terroristes présumés appréhendés par les autorités russes sont tous des

immigrés du Tadjikistan. Ils ont été capturés dans la région de Bryansk alors qu’ils se dirigeaient vers la frontière ukrainienne. Le président russe Vladimir Poutine et le FSB (services secrets russes) affirment qu’ils avaient des contacts du côté ukrainien et que leur passage de la frontière avait été préparé.

Lundi, Vladimir Poutine a déclaré que les autorités russes avaient également

conclu que des radicaux islamistes étaient impliqués dans l’attentat, déclarant: «Nous savons qui a commis cette atrocité contre la Russie et son peuple. Nous voulons maintenant savoir qui l’a commanditée. Bien sûr, il est nécessaire de savoir pourquoi, après avoir commis ce crime, les terroristes ont tenté de se rendre en Ukraine? Et qui les attendait là-bas?»

Le journal d’État russe Izvestiia rapportait lundi que deux des terroristes avaient «reçu des instructions» alors qu’ils étaient en Turquie, et que tous les quatre avaient perpétré l’attentat pendant le ramadan – un mois sacré pour les musulmans – non pas par fondamentalisme religieux, mais bien pour de l’argent.

Selon les autorités russes, les quatre hommes devaient recevoir 500.000 roubles pour leur attentat,

soit environ 5400 dollars. Lundi soir, les enquêteurs russes ont également indiqué que les quatre hommes avaient avoué pour qui ils travaillaient, sans toutefois divulguer cette information jusqu’à présent.

Malgré des preuves solides suggérant que les terroristes ont agi en tant que mercenaires pour

le compte d’une tierce partie non encore identifiée, cet élément est complètement

ignoré par les médias pro-OTAN. Au contraire, le fait que l’organisation terroriste islamiste Daesh-K, basée en Afghanistan, ait revendiqué l’attentat sur les médias sociaux dans une déclaration vague, publiée quelques heures après l’annonce de l’attaque, est devenu un élément central du récit de propagande.

Ainsi, le New York Times a présenté la conclusion du gouvernement français selon laquelle «une entité de Daesh a orchestré l’attaque et l’a exécutée» comme une preuve «semblant contredire la version de M. Poutine». Sans fournir de preuves réfutant le lien avec l’Ukraine, à l’exception des déclarations des responsables américains et ukrainiens et de la déclaration de Daesh-K, le Times a dénoncé les médias russes pour avoir «redoublé d’efforts pour rejeter la faute sur l’Ukraine».

Dans un article particulièrement agressif, intitulé «L’obsession ukrainienne de Poutine l’a rendu aveugle aux dangers dans son pays», le Financial Times dénonce les déclarations de Poutine sur un lien avec l’Ukraine comme la preuve que le président russe est «pris au piège des mensonges et de la paranoïa». Sans même un semblant d’objectivité, le FT déclare: «Les affirmations de la Russie selon lesquelles Kiev et, par extension, les États-Unis sont les marionnettistes à l’origine de la fusillade relèvent de la pure fantaisie.»

L’auteur Hanna Notte dirige le programme Eurasie du James Martin Center for Nonproliferation Studies du Middlebury College, une institution tristement célèbre pour ses relations étroites avec la CIA et le Pentagone. Le James Martin Center est dirigé par William Potter, professeur à l’Institut d’études internationales du collège, qui accueille régulièrement des sessions de recrutement de la CIA, en plus d’être membre du Conseil américain des relations étrangères et ancien consultant pour la RAND Corporation, un groupe de réflexion entretenant des liens étroits avec les forces armées des États-Unis.

À l’instar de toute la propagande de guerre impérialiste entourant la guerre en Ukraine, le récit débité par le New York Times et le Financial Times repose sur l’occultation et la déformation entières des faits et du contexte. Les questions les plus fondamentales – telles que le moment de l’attaque – ne sont pas posées; des faits essentiels – tels que l’existence de liens possibles entre les terroristes et la Turquie – ne sont tout simplement pas rapportés et quiconque remet en question la «ligne officielle» est présenté comme rien de moins qu’un aliéné. Pendant ce temps, toute discussion sur le contexte politique et historique est pratiquement bannie du débat.

En fait, en Allemagne, des journalistes bourgeois et des représentants de groupes de réflexion fervents partisans de la guerre de l’OTAN contre la Russie ont mis en évidence des preuves qui sapent complètement le récit du New York Times et du Financial Times. Tomas Avenarius, correspondant principal en politique étrangère du quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung, remet en question l’affirmation selon laquelle l’implication de Kiev dans l’attentat est «absurde», faisant remarquer que des fondamentalistes islamistes du Caucase se battent depuis des années aux côtés de Kiev contre la Russie en Ukraine.

Un ancien conseiller du gouvernement allemand, Guido Steinberg, qui travaille aujourd’hui pour le groupe de réflexion Stiftung Wissenschaft und Politik (SWP), déclarait dans une interview accordée à Deutschlandfunk samedi: «Ces dernières années, l’Ukraine est devenue une petite retraite pour les terroristes islamistes. Lorsque Daesh était sur le point d’être vaincu en Irak et en Syrie, ses responsables ont à tout le moins discuté de l’opportunité d’envoyer du personnel en Ukraine, simplement parce que la situation y était si chaotique et que les autorités y étaient si corrompues. Et plusieurs éléments indiquent que l’Ukraine a été utilisée comme pays de transit [par Daesh] au cours des derniers mois et des dernières années.»

Mais aucun d’entre eux ne souligne le fait sans doute le plus accablant et le plus flagrant de tous: l’implication de Daesh-K est peut-être la preuve la plus solide de l’implication directe des États-Unis dans l’attentat.

Daesh-K, comme de nombreuses organisations terroristes islamistes au Moyen-Orient, est en grande partie le produit de l'impérialisme américain. Même Hamid Karzai, le chef de longue date de l'ancien gouvernement fantoche soutenu par les États-Unis en Afghanistan, a déclaré dans une interview accordée à Voice of America en 2018 : «Je considère Daesh comme un pion [des États-Unis]. Je ne fais aucune différence entre Daesh et les États-Unis.» En 2021, peu après la chute du régime fantoche américain en Afghanistan et le retrait des troupes américaines, le Wall Street Journal rapportait que des unités de contre-insurrection et du personnel des services de renseignement formés par les États-Unis rejoignaient Daesh-K pour lutter contre les talibans.

Depuis les années 1980 au moins, les États-Unis ont systématiquement formé et armé des militants islamistes, surtout en Afghanistan après l’invasion de ce pays par l’Union soviétique. L’objectif de cette stratégie dite afghane, formulée par feu Zbigniew Brzezinski, était de «saigner à blanc» l’Union soviétique sur le champ de bataille.

Parallèlement, le renforcement de forces fondamentalistes islamistes à coups de milliards de dollars visait à déstabiliser de l’intérieur l’Union soviétique comptant une importante population musulmane, le tout afin d’accélérer sa désintégration. Cette stratégie a eu d’immenses répercussions au Tadjikistan, en particulier.

Dans ce pays, la destruction stalinienne de l’Union soviétique et la restauration du capitalisme ont débouché sur une guerre civile brutale dans laquelle l’opposition islamiste au gouvernement soutenu par le Kremlin était liée aux moudjahidines afghans. La guerre civile, qui a duré de 1992 à 1995, a fait des dizaines de milliers de morts et dévasté le pays.

Le Tadjikistan est la plus pauvre des anciennes républiques soviétiques. Près de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable et près de la moitié du PIB du pays provient entièrement des envois de fonds des travailleurs immigrés, dont environ 1 million sont en Russie. Environ 7 millions de Tadjiks vivent en Afghanistan, contre près de 10 millions au Tadjikistan même, et il est bien établi que des personnes originaires de toutes les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale ont rejoint Daesh et d’autres organisations terroristes islamistes au cours des dernières décennies.

Comme l’a expliqué le WSWS, lorsque l’on tient compte des faits fondamentaux de l’attaque, ainsi que son contexte politique et historique plus large, tout indique qu’il s’agit d’une provocation de l’impérialisme américain et de ses mandataires en Ukraine. Dans un contexte de débâcle militaire sur le champ de bataille en Ukraine, l’attentat vise à déstabiliser le régime de Poutine en renforçant ses opposants au sein de l’oligarchie et de l’appareil d’État et en fomentant des conflits nationalistes et religieux. Alors que le New York Times voudrait faire oublier à ses lecteurs les expériences des 40 dernières années de guerres américaines et la fomentation par l’impérialisme de tensions religieuses et ethniques au Moyen-Orient, l’attaque terroriste à Moscou démontre en fait que la même stratégie qui a dévasté le Moyen-Orient et l’Asie centrale est maintenant déployée pour déstabiliser le pays détenteur du deuxième plus grand arsenal nucléaire au monde.

Le régime de Poutine, qui est lui-même issu de la réaction stalinienne contre la révolution d’Octobre, est très vulnérable à ces opérations de l’impérialisme et il réagit à l’attaque terroriste en attisant des sentiments anti-immigrés et le nationalisme russe. Sa réaction ne fait que souligner encore plus que la seule voie viable pour s’opposer au développement toujours plus dangereux de la guerre impérialiste visant à une nouvelle redivision du monde est la lutte pour l’unification et la mobilisation indépendante de la classe ouvrière à l’échelle internationale.

(Article paru en anglais le 27 mars 2024)

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