La police française abat deux personnes dans un contexte de vague montante de meurtres policiers

Dans la nuit du vendredi 19 août, la police de Vénissieux, une banlieue au sud de Lyon, a abattu deux hommes lors d’un contrôle routier. Le passager, âgé de 20 ans, a été tué sur le coup; le conducteur, âgé de 26 ans, a été transporté à l’hôpital où il a été déclaré mort le samedi. Après avoir été placés en garde à vue pour un entretien après l’incident, les agents impliqués dans le meurtre ont été libérés sans charge vendredi.

Selon le récit de l’incident par la police, les deux hommes se trouvaient dans une voiture à l’arrêt lorsque la police les a approchés. Après que la police a encerclé la voiture, le conducteur a commencé à déplacer le véhicule et a frappé un agent de police avec la voiture. Puis l’autre policier a tiré un total de huit coups de feu dans le véhicule, tuant ses deux occupants. Jusqu’à présent, aucun témoin ne s’est présenté pour vérifier ou contredire le récit officiel. L’agent qui a été heurté par la voiture n’a pas subi de blessures graves.

Il s’agit de la troisième fusillade policière de ce type depuis la réélection de Macron le 24 avril. La première a eu lieu la nuit même de la réélection de Macron, lorsque la police a tué deux occupants d’une voiture sur le Pont-Neuf, dans le centre de Paris. Puis, le matin du 4 juin, un passager a été tué après que la police a tiré neuf coups de feu sur une voiture à Clignancourt, dans le nord de la ville.

Après une série de dénonciations des récits officiels des récents actes de violence policière, il y a peu de raisons de croire en la véracité du récit des policiers de la fusillade de Vénissieux. Les récits des passagers et des témoins de la tuerie du 4 juin ont contredit le récit de l’événement par la police, qui était très similaire à l’explication donnée pour la fusillade de jeudi. Les témoins de la fusillade de juin ont affirmé que la police avait tiré sur le conducteur avant que le véhicule ne commence à avancer, et non après, comme l’a prétendu la police.

Le récit officiel de la police concernant le déchaînement des forces de l’ordre contre les supporters de Liverpool lors de la finale de la Ligue des champions, fin mai, a également été contredit par des preuves publiées ultérieurement. La suppression de plusieurs heures de vidéosurveillance du Stade de France le soir de la finale témoigne d’une dissimulation massive impliquant les échelons supérieurs de la police. L’affaire a été si embarrassante pour le gouvernement français que le chef de la police de Paris a été contraint de démissionner.

Il est également très significatif que le meurtre de Vénissieux ait eu lieu au milieu d’une campagne massive récemment lancée par l’État français contre les quartiers populaires de Lyon.

Le transfert a eu lieu après que des membres du public soient intervenus pour sauver un homme poursuivi par trois policiers en civil à La Guillotière, un quartier de Lyon situé à seulement 2,5 kilomètres au nord de Vénissieux, à la fin du mois de juillet. Les agents poursuivaient un homme accusé de larcin. Aucun d’entre eux n’a été sérieusement blessé lors de l’intervention du public.

L’incident a fait l’objet d’une campagne hystérique de la part des médias progouvernementaux dénonçant comme un «lynchage» l’intervention du public pour sauver un homme poursuivi par des policiers que les habitants ne pouvaient en aucun cas identifier comme des agents des forces de l’ordre.

Lors d’une visite à Lyon au lendemain de l’incident, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a délibérément enflammé la situation, soulignant la nécessité de «reprendre le contrôle» du quartier. Dans le cadre de ces mesures, Darmanin a envoyé 70 policiers supplémentaires à La Guillotière et a ajouté des policiers à l’unité de la Brigade spécialisée de terrain (BST) nouvellement formée à Lyon.

En réponse à cet incident mineur, la police a lancé une série de rafles dans la ville. La première a vu l’arrestation de 18 individus, un nombre sans grand rapport avec l’incident en question. Une semaine plus tard, une nouvelle rafle a donné lieu à 10 arrestations supplémentaires. C’est dans cette atmosphère extrêmement tendue que les policiers ont abattu les deux jeunes hommes à Vénissieux jeudi soir.

On a ouvert une enquête officielle sur les agissements des agents, mais l’enquête sera sous la juridiction de l’Inspection générale de la police nationale, qui est elle-même une section de la police nationale sous la direction de Darmanin.

En réponse à l’incident de jeudi, Darmanin a clairement indiqué que les violences policières continueront de bénéficier du soutien total du gouvernement Macron. Avant même la conclusion de l’enquête de son propre ministre, il a présenté le récit de la police comme un fait établi, dénonçant, un «acte [d’agression] manifeste contre ces policiers… Je veux dire à tous les policiers et gendarmes de France, qui font face à des refus d’obtempérer tous les jours, puisqu’il y en a un toutes les demi-heures, que je les soutiens a priori».

La promesse de Darmanin de soutenir «a priori» les policiers après des violences meurtrières réitère le soutien inconditionnel du gouvernement à la police pour tirer et tuer des personnes en toute impunité.

Face à l’escalade de la guerre avec la Russie, à l’aggravation de la crise économique et aux décès massifs dus à la pandémie de COVID-19, l’État capitaliste français se débarrasse rapidement des derniers vestiges du respect des droits démocratiques fondamentaux.

La victoire de Macron aux élections du 24 avril n’a fait qu’accélérer ses efforts pour construire un État policier en France. Au milieu de la crise que traverse la classe dirigeante française et européenne, le président a promis de «doubler» le nombre de policiers dans les rues.

La classe dirigeante française souhaite disposer d’une force de police expérimentée dans l’usage de la violence extrême contre la population. Le soutien «a priori» du gouvernement aux policiers impliqués dans des fusillades meurtrières, largement médiatisé, vise à normaliser le meurtre policier. Il s’agit manifestement d’une mesure préventive contre l’éclatement de protestations contre les politiques de guerre de Macron, la réduction du niveau de vie par l’inflation et l’infection massive à la COVID-19, anticipant une éruption de protestations en France et à l’international qui éclipserait même celles survenues lors de son premier mandat.

À Lyon, la section locale du parti de pseudo-gauche La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui fait partie de la «Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale» (NUPES), a réitéré son soutien au renforcement de la police par le gouvernement Macron en réponse à la fusillade.

Si un communiqué de la section locale 69 de LFI appelle à la suppression des unités spécialisées de la BST nouvellement créées, il indique également: «Nous devons augmenter de manière significative le temps de formation des policiers, y compris sur le port d’armes. Nous devons également leur donner plus de moyens pour enquêter et prévenir les crimes.»

L’explosion de la violence policière doit être prise comme un avertissement: un État capitaliste en crise, qui mène des politiques fondamentalement impopulaires, vise à maintenir son emprise sur le pouvoir par la force brute. Le rôle de la police en tant que défenseur de l’État capitaliste signifie qu’elle ne peut pas être «formée», comme le prétend LFI, pour éviter la brutalité. Le meurtre policier est le résultat inévitable de l’utilisation par l’élite dirigeante de la police comme dernière ligne de défense contre l’opposition populaire explosive à Macron.

Comme c’est le cas avec la pandémie, la marche vers la guerre et l’inflation vertigineuse, la violence policière ne peut être éradiquée que par un mouvement révolutionnaire de la classe ouvrière.

(Article paru en anglais le 30 août 2022)

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