Les travailleurs français en grève le 29 septembre dénoncent l’inflation et la guerre

Environ 250.000 travailleurs ont manifesté en France hier à l’appel les syndicats, alors que la colère ouvrière monte contre le danger de faim et de froid cette hiver, lié à la guerre contre la Russie.

Manifestation du 29 septembre à Paris [Photo: WSWS]

Cette journée d’action fait partie d’une mobilisation internationale des travailleurs, poussée par l’inflation, la crise énergétique et le danger d’une guerre généralisée entre l’Otan et la Russie. Une vague de grèves parcourt la Grande Bretagne, où dockers, enseignants et postiers sont en lutte, et mobilise soignants et les travailleurs de l’industrie en Espagne et en Turquie. En France, les raffineries sont à l’arrêt et les grèves sauvages secouent Stellantis à Hordain.

Alors que les travailleurs craignent une hausse énorme des prix de l’alimentation et du chauffage cet hiver, et que Macron prépare une nouvelle réforme pour saccager les retraites, une explosion internationale de la lutte des classes est en préparation.

Des militants du Parti de l’égalité socialiste sont intervenus dans la manifestation à Paris pour appeler à mobiliser les travailleurs à l’international contre l’inflation et la guerre, en construisant des comités de base parmi les travailleurs, indépendants des appareils syndicaux. Ils ont distribué un tract du WSWS, Pour une mobilisation internationale des travailleurs contre l’inflation et la guerre! Ils ont souligné la nécessité de s’organiser indépendamment de directions syndicales et de partis de pseudo-gauche qui soutiennent la guerre en Ukraine et négocient avec les États capitalistes.

Les travailleurs qui manifestaient ont fait part de leur colère face à la baisse drastique du pouvoir d’achat et des conditions de travail, et face à la politique impérialiste menée par Macron.

Manifestation du 29 septembre à Paris [Photo: WSWS]

Gilbert, qui travaille dans un bureau de poste en région parisienne depuis 22 ans, a dit: «Il y a 20 ans, les conditions de travail étaient bonnes. Maintenant, nous n’avons plus rien. Il y a beaucoup moins de travailleurs, et ils utilisent de plus en plus d’intérimaires. A la Poste, la moitié des travailleurs sont des intérimaires temporaires. Ils travaillent quelques temps puis ils disparaissent, et on voit de nouveau intérimaires arriver. Nous devons sans cesse les former et cela nous prend beaucoup de temps, d’énergie et c’est une source de stress.»

Gilbert a également dénoncé le fait que «les intérimaires et les travailleurs n’ont pas le même salaire. Je suis contre la discrimination salariale.»

Gilbert, qui manifestait avec sa femme pour exiger une augmentation des salaires et pour s’opposer à la réforme des retraites de Macron, a dit: «On a eu 1,5 pour cent d’augmentation à partir du 1er octobre, ce qui est à peine suffisant pour vivre. Ils nous parlent d’une augmentation d’1,5 pour cent mais cela signifie que quelqu’un qui gagne 2000 euros de salaire brut par mois va gagner 30 euros de plus. Nous ne pouvons rien faire avec cela. Il nous faudrait une augmentation de salaire d’au moins 300 euros pour mieux vivre.»

Gilbert a souligné sa solidarité avec les travailleurs à l’international: «Je souhaite dire que je soutiens totalement la lutte de mes collègues du monde entier. Dans l’Europe et tous les autres pays ils sont en train de privatiser la poste. En France, ils sont également en train de privatiser la poste. Nous nous battons contre la privatisation dans tous les pays».

Il a aussi fait part de son souhait de voir les travailleurs des pays de l’Otan et de Russie se mobiliser à l’échelle internationale contre la guerre: «A mon avis, ce que font l’Europe et l’OTAN est inadmissible. On ne peut pas permettre à Poutine de faire la même chose. … Je suis d’accord que cette guerre est un problème mondial. J’y suis opposé car elle créera les pires destructions pour l’humanité et l’économie».

Gilbert a aussi souligné le refus des appareils syndicaux et de leurs alliés politiques, tels que la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, de mobiliser l’opposition ouvrière contre cette guerre.

«Je suis membre d'un syndicat. Ni les syndicats ni les partis de gauche en France n'ont organisé une seule manifestation contre la guerre», a-t-il dit. Il a indiqué qu’il était d’accord avec la proposition du PES de construire une Alliance ouvrière internationale de comités de base.

«Je suis d’accord nous avons besoin d’une nouvelle organisation de base pour nous défendre, a-t-il dit. Le gouvernement attaque nos retraites, c’est comme le profit qu’ils se font avec la guerre. Macron parle de retraite à 64 voire 67 ans, c’est inadmissible»,

Adélaïde, une assistante sociale dans le scolaire, a témoigné de sa colère face à de longues années de gel du point d’indice qui, même avant la vague actuelle de l’inflation, avaient miné le pouvoir d’achat.

Adélaïde, une assistante sociale dans le scolaire [Photo: WSWS]

Elle a dit, «Là, ils ont remonté le point d’indice, mais ça fait 10 ans que ça n’avait pas monté, donc on a un pouvoir d’achat dégradé. Les assistantes sociales parisiennes n’ont pas le moyen de se loger avec leurs salaires. C’est quand même ahurissant, avec la formation qu’on a, avec l’importance qu’on a, avec un ministre qui n’arrête pas de dire qu’il faut protéger les enfants, qu’il faut écouter les enfants, les accompagner. Mais comment embaucher des collègues? Dans notre service, il y a 15 postes qui ne sont pas couverts».

Avec un salaire à 1500 euros, a-t-elle ajouté, «il aurait fallu que les salaires suivent l’inflation. Or l’inflation elle a grimpé, quand on fait les courses à présent on se rend compte que ça a beaucoup grimpé. … Mon caddy de courses, il me coûte 50 pour cent de plus».

Depuis quarante ans et l’arrivée de François Mitterrand et le PS au pouvoir en 1981, a dit Adélaïde, «il y a eu des augmentations de productivité énormes, mais ça ne rentre pas dans les poches des travailleurs».

Adélaïde a aussi souligné sa colère face aux conditions que vivent les réfugiés en France, qui vivent de minimas sociaux totalement inadéquats et qui ne peuvent pas s’en sortir. Elle a dit, «Notre politique au regard des étrangers est délirante. … Je ne crois pas que cela aide d’avoir une politique encore plus sévère, encore plus stricte, d’avoir des préfectures qui ne donnent aucun rendez-vous pour qu’ils puissent faire leurs demandes. C’est contraire à la possibilité de se libérer».

Jean, un cheminot CGT qui n’a pas reçu d’augmentation depuis huit ans, a fait part au WSWS de sa colère face à la casse de leur statut annoncée lors de la réforme de 2018: «Nous, ça fait 18 ans que je travaille à la SNCF et mon traitement c’est 1.700 et quelque. … Ils ont cassé notre grille, ça s’est passé en juillet. Il faut faire un geste là-dessus, parce qu’il y a beaucoup de démissions suite à ça, des gens qui étaient là depuis 15 ans ou plus mais qui voyaient mieux ailleurs».

Il a souligné son dégoût face à la guerre entre l’Otan et la Russie en Ukraine: «Je trouve ça scandaleux qu’on trouve des milliards à financer des armes et se diviser et taper sur les gens, alors qu’on pourrait utiliser ces milliards pour autre chose. … Cette guerre, comment est-ce qu’on en est arrivé là? Je crois que c’est par rapport à de grosses entreprises qui ont décidé de renverser la société. Est-ce qu’il faut arriver à ça»  ?

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