La classe politique québécoise continue d’appuyer Israël qui poursuit son assaut génocidaire à Gaza

Sous les yeux horrifiés de la population du monde entier, Israël poursuit sans relâche son assaut génocidaire dans la bande de Gaza. Profitant du soutien indéfectible de l’administration Biden aux États-Unis et des autres puissances impérialistes, le régime d’extrême droite de Benjamin Netanyahu bombarde quotidiennement l’enclave, détruisant des écoles, des hôpitaux et des camps de réfugiés, et tuant délibérément des milliers de civils.

Plus de 21.000 Palestiniens ont été tués à Gaza et au moins 54.000 ont été blessés. 70% des victimes sont des femmes et des enfants. Environ 7.000 autres personnes sont toujours portées disparues, la plupart ensevelis sous les décombres. Selon les Nations unies, 1.9 million de personnes à Gaza, soit 85% de la population, seraient déplacées à l'intérieur du pays.

Un tracteur amène les corps de Palestiniens tués par Israël dans une fosse commune à Rafah, dans la bande de Gaza, mardi 26 décembre 2023 [AP Photo/Fatima Shbair]

Malgré les atrocités commises chaque jour par les forces armées israéliennes, la classe politique québécoise tout entière – autant sa faction fédéraliste que sa faction indépendantiste – est unie dans son soutien à l’État sioniste.

Le 12 décembre, après avoir refusé de le faire pendant les neuf premières semaines de l’assaut israélien contre Gaza, le gouvernement fédéral libéral de Justin Trudeau a voté à l’Assemblée générale de l’ONU en faveur d’une résolution appelant à un «cessez-le-feu humanitaire».

Cette manœuvre est une réponse cynique à l’opposition populaire montante aux crimes de guerre israéliens. Son but est de camoufler le soutien du gouvernement Trudeau au régime sioniste et aux plans de Washington visant à étendre la guerre. Ces appels officiels à un cessez-le-feu ne risquent pas d’arrêter Netanyahu, qui a déjà déclaré que la guerre contre le peuple palestinien se poursuivrait avec ou sans le soutien de la «communauté internationale».

Mais ils ont tout de même provoqué une réaction vive et hostile du gouvernement provincial de la Coalition avenir Québec (CAQ), un parti très à droite mené par le multimillionnaire et ex-PDG d’Air Transat François Legault.

La ministre des Relations internationales Martine Biron a déclaré que le gouvernement du Québec n’appuyait pas la demande d’Ottawa et qu’un cessez-le-feu ne devrait pas être envisagé avant que «le Hamas, mouvement terroriste reconnu par plusieurs États dont le Canada, ne rende les armes» et que «les otages soient libérés». Legault a ajouté que «le Québec demeure préoccupé par la sécurité et le bien-être de l’ensemble des civils tant en Israël que dans la bande de Gaza», invoquant les énormes «souffrances depuis l’attaque initiée par le Hamas le 7 octobre dernier».

Le gouvernement Legault reprenait ainsi la propagande israélienne selon laquelle la guerre est une réaction à l’attaque du Hamas et que son seul objectif est l’élimination de cette organisation. En réalité, comme il a été révélé, notamment par le New York Times, l’armée israélienne et le gouvernement Netanyahu étaient pleinement informés des plans du Hamas. S’ils ont choisi d’ignorer ces avertissements, c’est qu’ils voulaient utiliser l’attaque comme prétexte pour un génocide planifié de longue date contre la population de Gaza.

Le 17 octobre, dans les premières semaines de l’assaut sur Gaza, la CAQ a fait adopter une motion de soutien à Israël par l’Assemblée nationale du Québec qui condamnait «les actes terroristes perpétrés par le Hamas» et exigeait la «libération immédiate et sans condition des populations prises en otage par le Hamas» tout en appelant cyniquement «au respect du droit international par toutes les parties».

Puis, le 1er novembre, le gouvernement caquiste a défait une motion de Québec solidaire (QS), le parti de la pseudo-gauche québécoise, qui mentionnait notamment que «l’Assemblée nationale demande un cessez-le-feu immédiat par toutes les parties dans le conflit en Israël et en Palestine» et «qu’elle appelle à nouveau au respect du droit international par toutes les parties».

Même s’ils ont dénoncé les dernières actions du gouvernement Legault, les partis d’opposition – QS, le Parti libéral du Québec (PLQ) et le Parti québécois (PQ) – ne représentent pas une véritable opposition à la violence déchainée par le régime Netanyahu ou à l’impérialisme. Leur soutien à un «cessez-le-feu» est opportuniste et vise avant tout à capturer l’opposition populaire grandissante et à la diriger vers les canaux sûrs, pour la classe dirigeante, de la politique parlementaire. Ils ont d’ailleurs collectivement permis l’adoption de la motion caquiste du 17 octobre en soutien à l’État sioniste, invoquant cyniquement le «droit d’Israël à se défendre».

La députée Elisabeth Prass du PLQ – un parti de la grande entreprise qui représente la faction fédéraliste de la classe dirigeante québécoise – a même accusé les milliers de manifestants antiguerre de cautionner les actions du Hamas. Le PLQ a aussi refusé de prendre des mesures contre sa députée Brigitte Garceau qui a congédié une employée pour avoir aimé deux publications pro-Palestine sur les réseaux sociaux.

Le PQ, le parti des sections indépendantistes de l’élite dirigeante, a déclaré être en faveur d’un «cessez-le-feu immédiat». Dans les derniers mois, le PQ a misé sur une plateforme politique alliant le nationalisme québécois le plus chauvin et anti-immigration à un nouveau plan pour la souveraineté du Québec. Démontrant à la fois la nature pro-impérialiste de ce parti et le cynisme de ses appels à un cessez-le-feu à Gaza, son chef Paul St-Pierre Plamondon a promis qu’un Québec indépendant aurait une armée et resterait membre de l’OTAN et du NORAD.

Le parti frère du PQ au niveau fédéral, le Bloc québécois (BQ), un parti qui a appuyé toutes les interventions impérialistes du Canada à l’étranger et qui joue un rôle démesuré dans la campagne anti-Chine, a refusé pendant des semaines au début de l’assaut contre Gaza de parler de cessez-le-feu, demandant plutôt une «trêve humanitaire».

Le 8 novembre dernier, découvrant soudainement qu’Israël avait abusé de «la confiance que le monde avait placée dans son jugement et sa retenue», le BQ a réclamé un «cessez-le-feu» imposé par une «une force militaire internationale» de l’OTAN. Autrement dit, le BQ réclame que l’OTAN – une organisation militaire et un repère de voyous impérialistes qui a provoqué et mène la guerre contre la Russie en Ukraine et joue un rôle de premier plan pour soutenir Israël militairement – déploie des troupes à Gaza pour imposer la «paix».

De son côté, QS et ses alliés dans la pseudo-gauche camouflent leur complicité avec l’impérialisme canadien et le reste de l’establishement politique dans son soutien à Israël derrière des références creuses au «respect du droit international».

Leur «opposition» se limite à des appels complètement futiles aux gouvernements Trudeau et Legault. Après avoir refusé de bloquer la motion caquiste du 17 octobre en raison de la supposée nécessité de «condamn[er] le terrorisme», QS a réagi au rejet de sa motion du 1er novembre en feignant d’être surpris que Legault n’ait «pas été à la hauteur» et en affirmant que le Québec est une «terre de paix» avec une tradition de défense des droits de la personne.

Le 15 décembre, en réaction à la dénonciation par le gouvernement Legault du vote du Canada à l’ONU, la députée de QS Ruba Ghazal, qui est née en Palestine, a affirmé sur son compte Twitter\X être «choquée» de la position de la CAQ qui «brise la tradition pacifiste du Québec qui historiquement a toujours été du côté de la paix».

S’il est vrai que les travailleurs et les jeunes au Québec, comme dans le reste du monde, sont majoritairement opposés à la guerre, la classe dirigeante québécoise et ses serviteurs politiques, y compris QS, ont au contraire une longue tradition d’appui à l’impérialiste canadien et à ses déprédations.

Depuis sa fondation en 2006, QS a constamment appuyé «l’impérialisme des droits de l’homme», c’est-à-dire les efforts des États-Unis, du Canada et d’autres grandes puissances pour invoquer de manière sélective des violations réelles ou inventées des droits de l’homme afin de couvrir le caractère prédateur et réactionnaire de leurs interventions dans le monde. Pour ne nommer que quelques exemples, QS a appuyé les campagnes impérialistes de changement de régime en Libye, en Syrie et en Iran; la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine; et la campagne de préparation à une guerre contre la Chine.

Face à ce front commun pro-israélien de toute la classe politique québécoise et canadienne, les travailleurs et les jeunes qui participent en grand nombre aux manifestations contre les atrocités commises à Gaza doivent se tourner vers la classe ouvrière internationale sur la base d’un programme socialiste.

La lutte contre la guerre impérialiste exige une remise en question de sa cause objective: le système de profit en faillite. L’alternative à la barbarie capitaliste est la conquête du pouvoir politique par la classe ouvrière internationale et l’éradication de toutes les formes d’inégalité sociale et d’oppression.

Loading