Avec l’appui de Québec solidaire, l’Assemblée nationale cautionne l’assaut génocidaire d’Israël contre le peuple palestinien

Au Québec, comme ailleurs au Canada et dans le monde, les manifestations de masse se poursuivent contre les actes génocidaires perpétrés par Israël dans la bande de Gaza. Plus de 8.000 Palestiniens, dont près de 3.200 enfants, ont déjà perdu la vie dans les attaques des forces armées israéliennes.

Les travailleurs et les jeunes s’opposent non seulement aux actions meurtrières du gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahu, mais aussi au support inconditionnel que lui apportent les puissances impérialistes, dont le Canada.

Une partie de la manifestation du 21 octobre à Toronto qui a dénoncé l’assaut israélien, appuyé par le Canada et les États-Unis, sur les Palestiniens de Gaza

Le gouvernement libéral fédéral de Justin Trudeau appuie sans réserve non seulement Israël, mais aussi les États-Unis qui utilisent le conflit pour préparer et provoquer une guerre plus large au Moyen-Orient afin d’assurer leurs intérêts prédateurs dans leur confrontation avec la Russie et la Chine.

Trudeau et sa ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly ont justifié les actions criminelles de l’État israélien en affirmant qu’il a le «droit» et le «devoir» de «se défendre». Le gouvernement libéral fédéral a aussi rejeté l’idée d’un cessez-le-feu et le ministre de la Défense Bill Blair a déclaré sans aucune preuve que le Hamas était responsable de la destruction de l’hôpital al-Ahli qui a fait plus de 500 morts le 17 octobre, l’un des innombrables crimes de guerre commis par Israël.

Au Québec, la classe politique – tant fédéraliste que souverainiste – appuie elle aussi l’État israélien alors qu’il bombarde quotidiennement la population de Gaza, qu’il bloque l’entrée de nourriture, d’eau et de carburant et qu’il a ordonné l’évacuation d’un million de personnes du nord de l’enclave en prévision de son invasion terrestre. Cet appui unanime comprend aussi le parti de la pseudo-gauche québécoise, Québec solidaire (QS).

Le 17 octobre, l’Assemblée nationale du Québec a adopté une motion qui fait écho à la ligne pro-israélienne des États-Unis et des grandes puissances européennes visant à donner carte blanche à Israël dans ses crimes de guerre contre le peuple palestinien. La motion condamne «les actes terroristes perpétrés par le Hamas» et exige la «libération immédiate et sans condition des populations prises en otage par le Hamas». Elle déplore de façon cynique «l’escalade de la violence» qui a «engendré le décès de nombreux civils» et appelle «au respect du droit international par toutes les parties».

Les députés de la Coalition avenir Québec (CAQ), le parti du multimillionnaire François Legault au pouvoir depuis 2018, ainsi que ceux du Parti libéral du Québec (PLQ), ont voté unanimement en faveur de la motion. Durant le court débat qui a précédé le vote, la ministre des Relations internationales Martine Biron a absout Israël de toute responsabilité pour les trois quarts de siècle d’oppression et dépossession des Palestiniens qui ont mené à la révolte du 7 octobre. Sous le prétexte que «les actes terroristes du Hamas […] n’ont absolument aucune justification», elle a excusé la brutalité des actions d’Israël en déclarant le droit absolu de celui-ci de «se défendre face [aux] attaques».

Les 16 députés du Parti québécois et de Québec Solidaire se sont abstenus de voter au motif que la motion proposée par le gouvernement Legault était «déséquilibrée» en l’absence de mention des morts palestiniens. Ce geste futile n’est pas une réelle opposition à la violence perpétrée par Israël. C’est plutôt une tentative de garder la colère populaire provoquée par cette violence dans le cadre de la politique officielle bourgeoise.

QS a cherché à couvrir son abstention d’un vernis humanitaire par des références au «respect du droit international». La réalité est que sans sa collaboration, la motion du gouvernement caquiste n’aurait jamais passé – ce que reconnait QS en écrivant dans un communiqué de presse que «nous avons tout de même décidé d’être consentant au dépôt de la motion pour permettre de l’adopter».

Lors du débat à l’Assemblée nationale, le député de QS Guillaume Cliche-Rivard a justifié la lâcheté politique de son parti – son refus de bloquer la motion pro-israélienne de la CAQ – par le fait qu’il était «essentiel que cette Assemblée condamne le terrorisme». Se pliant docilement à la propagande de guerre des forces impérialistes, tous les députés de QS ont observé la minute de silence demandée par le gouvernement Legault «à la mémoire des victimes israéliennes».

Quelques jours plus tard, le 20 octobre, la députée et candidate à la chefferie de QS, Ruba

Ghazal, elle-même d’origine palestinienne, a participé à une conférence de presse aux côtés

de représentants syndicaux et de l’organisation Voix juives indépendantes de Montréal afin de réclamer des gouvernements Legault et Trudeau «une condamnation ferme de la punition collective qu’Israël est en train de faire subir aux Palestiniens de la bande de Gaza».

L’évidente futilité d’un tel appel à Legault saute aux yeux. À peine quelques jours plus tôt, ce dernier avait démontré son support inconditionnel et inébranlable pour toutes les actions d’Israël en déclarant que malgré les pertes civiles, on pouvait «comprendre qu’Israël veuille se défendre pour que le Hamas arrête de poser des gestes comme ça».

Ghazal a aussi révélé l’orientation pro-impérialiste de son parti. Tout en prononçant sa «solidarité avec la cause du peuple palestinien» et en évoquant le «droit international», elle a dénoncé les crimes de guerre commis des «deux côtés». Elle mettait ainsi sur un pied d’égalité la longue et violente oppression exercée par l’État sioniste sur le peuple palestinien et les efforts de ce dernier pour y résister.

Dans des entrevues données la même journée, Ghazal a condamné une fois de plus les actes «barbares» du Hamas et expliqué que malgré ses origines, elle tente de présenter la situation dans la bande de Gaza de façon «neutre», en ne prenant pas parti «pour un camp ou l’autre».

Elle a répété le même message le 26 octobre lors d’une rencontre avec les médias au sujet de sa demande à la ministre des Relations internationales que le Québec débloque une aide humanitaire d’urgence pour les Palestiniens. Se portant à la «défense» du député Pascal Paradis du PQ qui a été attaqué par des organisations sionistes, elle lui a toutefois intimé de ne pas «choisir un camp ou l’autre, mais [de] plutôt choisir le camp de la paix», un commentaire qui assimile toute opposition aux violences israéliennes à un «choix» en faveur du Hamas.

Par ses actions et ses commentaires, QS signale sa complicité avec l’impérialisme canadien qui soutient pleinement les crimes de guerre d’Israël contre le peuple palestinien. L’attaque du Hamas du 7 octobre était un soulèvement de masse d’un peuple qui a vécu les 17 dernières années sous le coup d’un blocus qui a transformé Gaza en véritable prison à ciel ouvert; un peuple opprimé systématiquement depuis trois quarts de siècle par le même État qui a procédé à un nettoyage ethnique lors de sa création pour pouvoir s’établir sur les terres appartenant aux Palestiniens. Comme le WSWS l’a expliqué, condamner également les «deux côtés» revient à défendre l’oppresseur et à se ranger à ses côtés.

Cela n’est rien de nouveau pour QS qui depuis sa fondation en 2006 a constamment appuyé «l’impérialisme des droits de l’homme», c’est-à-dire les efforts des États-Unis, du Canada et d’autres grandes puissances pour invoquer de manière sélective des violations réelles ou inventées des droits de l’homme afin de couvrir le caractère prédateur et réactionnaire de leurs interventions dans le monde.

Pour ne donner que quelques exemples, en 2011 le député solidaire Amir Khadir a exprimé l’appui de son parti pour la guerre aérienne de l’OTAN contre la Libye et l’opération impérialiste de changement de régime en déclarant cyniquement que «le peuple ‬libyen demande une intervention». QS a aussi appuyé l’opération de changement de régime en Syrie en présentant la guerre civile fomentée par les puissances impérialistes, avec l’aide des monarchies du Golfe, comme une «révolution» populaire contre Assad.

Plus récemment, QS s’est fait complice de la campagne impérialiste visant un changement de régime en Iran sous prétexte de défendre le «droit des femmes». À cette occasion, Ghazal a fait adopter une motion par l’Assemblée nationale pour «condamner la violente répression des manifestations», sans mentionner les sanctions punitives et les menaces de guerre de Washington contre l’Iran.

QS participe aussi aux campagnes agressives du Canada et de ses partenaires de l’OTAN contre la Chine et la Russie en préparation d’un nouveau conflit mondial. En 2021, le député de QS Sol Zanetti a signé une lettre ouverte condamnant la Chine pour «génocide» contre la minorité ouïghoure du pays et exigeant le remplacement de Pékin comme ville hôte des Jeux olympiques d’hiver de 2022.

Puis, dans les premiers jours de la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine, QS a fait adopter une motion dans laquelle l’Assemblée nationale dénonçait «l’agression» russe tout en passant sous silence le rôle provocateur de l’OTAN en Europe de l’Est et ses préparatifs de longue date pour affronter militairement la Russie dans la but de contrôler ses ressources géostratégiques.

Cet historique sordide découle de l’orientation nationaliste et procapitaliste de QS, un parti qui représente les couches aisées de la classe moyenne dont les privilèges reposent sur les déprédations impérialistes à l’étranger et sur les attaques contre la classe ouvrière au pays.

Les milieux nationalistes et indépendantistes québécois dont QS est issu ont depuis longtemps abandonné toute prétention d’être «anti-impérialistes». Le projet d’indépendance du Québec est entièrement réactionnaire et vise à créer une troisième république capitaliste en Amérique du Nord afin que la classe dirigeante québécoise francophone puisse mieux exploiter «sa» classe ouvrière et participer aux pillages auxquels se livrent les impérialismes américain et canadien à l’étranger. Les deux partis indépendantistes, QS et le PQ, ont adopté la position qu’un Québec indépendant devra se doter d’une armée.

Plus tôt cette semaine, le parti frère du PQ au niveau fédéral, le Bloc québécois (BQ) a jugé trop extrême l’idée d’un cessez-le-feu et plutôt réclamé une «trêve temporaire devant être respectée par toutes les parties», tout en insistant sur la «nécessité de neutraliser le Hamas». Une trêve temporaire laisserait à Israël toute latitude pour lancer une invasion terrestre destructrice au moment de son choix.

Les syndicats québécois ont pour la plupart adopté la même ligne que QS depuis le début du conflit en condamnant la violence «des deux côtés» et en participant aux vains appels à un cessez-le-feu afin d’entretenir les illusions des travailleurs dans les gouvernements Trudeau et Legault avec lesquels les syndicats collaborent étroitement.

Les travailleurs et les jeunes qui participent aux manifestations contre les atrocités commises sur les Palestiniens de la bande de Gaza font face au front commun pro-israélien de la classe politique, des syndicats et de la pseudo-gauche. Mais il existe une alternative, comme l’explique le Comité international de la Quatrième Internationale dans sa déclaration du 9 octobre:

Le soulèvement en Palestine fait lui-même partie d’une éruption de colère et d’opposition qui se développe sous la forme de grèves et de manifestations de masse dans le monde entier. C’est ce mouvement social, guidé par un programme et une perspective consciemment socialistes et révolutionnaires, qui doit être mobilisé pour mettre fin à la guerre impérialiste, à l’inégalité et à toutes les formes d’oppression. 

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