Macron envoie 15.000 flics contre le blocage de Paris par les agriculteurs

Ce week-end, les agriculteurs ont annoncé leur intention de bloquer Paris et ses principaux centres économiques aujourd'hui. Les annonces vendredi du Premier ministre Gabriel Attal n'ayant pas endigué la colère, un conseil des ministres d'urgence s'est tenu et a décidé de mobiliser 15.000 flics pour empêcher les agriculteurs de bloquer les principales autoroutes et les centres économiques de Paris.

[AP Photo/Laurent Cipriani]

La plupart des barrages en place à la fin de la semaine dernière ont été levés après le discours d'Attal de vendredi, afin de préparer de nouveaux blocages à travers le pays et de cibler la capitale pour la première fois depuis le début de la mobilisation.

La section de Seine-et-Marne de la FNSEA a prévu de bloquer les autoroutes A4, A5 et A6 autour de Paris à partir de 14h. La section parisienne du syndicat Jeunes Agriculteurs a prévu bloquer d'autres autoroutes importantes autour de la capitale et de viser aussi le marché de Rungis, le plus grand marché alimentaire du monde en termes de chiffre d'affaires, qui fournit la région parisienne.

Selon d'autres sections locales des syndicats agricoles, des blocages sont prévus aussi dans d'autres régions. Michel Joux, président de la FNSEA Auvergne-Rhône-Alpes, a dit à BFMTV: «On va intensifier l'action au niveau national. Nos amis parisiens vont bloquer Paris. Nous, on va assiéger la deuxième ville de France, Lyon». Dimanche, un barrage a coupé la circulation sur l'autoroute A7 entre Lyon et Marseille.

Après une réunion interministérielle de crise hier soir, le ministre de l'Intérieur fascisant Darmanin a mobilisé 15.000 flics pour empêcher que les tracteurs entrent dans Paris ou bloquent le marché de Rungis et les aéroports franciliens. Avant le début de la réunion, une unité de gendarmerie avec des blindés avait déjà été déployée à Rungis. Des hélicoptères seront également mobilisés contre les agriculteurs.

Darmanin a prédit «une semaine difficile» et que la circulation en Île-de-France serait «extrêmement difficile» lundi.

Dimanche, le gouvernement fait à la fois de vagues promesses de concessions et des menaces de répression. Les miettes offertes par le Premier ministre Gabriel Attal n'ont pas réussi à endiguer les manifestations, il a avoué «ne pas avoir répondu» à tout le «malaise et le mal-être de nos agriculteurs» lors d'un déplacement en Indre-et-Loire hier. Il a prétendu être «résolu à avancer vite».

Plus tard dans la journée, Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, a promis de nouvelles mesures européennes et nationales mardi. Le conseil des ministres s'est réuni à 18h et a décidé de mobiliser 15.000 flics contre les manifestants.

Un haut gradé a dit au Figaro qu’il craint les «engins qui pourraient se rassembler». 1.000 tracteurs convergent sur Paris: «Ces mastodontes de plusieurs tonnes pourraient devenir un casse-tête pour les forces de l'ordre, qui n'ont pas la logistique pour les enlever comme ils pourraient le faire avec une voiture gênante». Il a proposé de les bloquer «à distance de Paris, sachant que les agriculteurs ne prendront jamais le risque de casser leurs engins, qui sont leur outil de travail, en tentant de forcer un barrage de police».

Le gouvernement prépare à réprimer les agriculteurs s’il ne parvient pas à les faire plier par l'intermédiaire des bureaucrates qui dirigent les syndicats d'agriculteurs. Les milieux officiels craignent surtout que la sympathie populaire pour la lutte des agriculteurs ne ravive les manifestations et de grèves de masse qui a éclaté dans le pays en avril 2023 après que Macron a attaqué les retraites.

Les travailleurs doivent s'opposer à la répression des agriculteurs mobilisés contre les conséquences du réarmement de l’UE et de ses projets de restructuration de l’agriculture. La cible de ces attaques est avant tout la classe ouvrière. Les travailleurs ne peuvent pas attendre que les bureaucraties syndicales organisent l’opposition. La dirigeante de la CGT, Sophie Binet, a lancé un vague appel à la «convergence» avec les agriculteurs, mais les bureaucraties cégétiste ne compte pas affronter le gouvernement.

Exploitant l'inaction des bureaucraties syndicales, la cheffe néo-fasciste du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, dénonce l'UE et la FNSEA, le syndicat agricole le plus proche du gouvernement, tout en se posant en défenseur des agriculteurs. Jeudi, elle a pris la parole dans une ferme pour annoncer une «crise qui démarre et qui peut être longue, violente et brutale».

«La FNSEA est déjà dépassée. Je pense que ça fait bien longtemps que les agriculteurs ne peuvent plus compter sur leurs syndicats», a-t-elle dit. Elle a accusé la FNSEA et Macron d'avoir «accablé le monde agricole de charges, de normes, de fiscalités, d’injustices». Elle a salué les bureaucraties agricoles plus proches du RN, la Coordination rurale et des Jeunes agriculteurs, qui, selon elle, «alertent sur les conséquences de l’Union européenne et qui refusent les compensations bidon proposées par le gouvernement».

Mais Christophe Barthès, député RN et ancien dirigeant dans l’Aude de la Coordination rurale, a dit au Monde qu'il espérait que les syndicats agricoles ne seraient pas débordés: «Pour le moment, le syndicat tient la colère. Mais il devra obtenir gain de cause sur la plupart des revendications pour que la base ne prenne pas le dessus.»

Le Pen n’est pas l’amie des des agriculteurs, mais des forces de l’ordre que Macron envoie les attaqier. Elle cherche à bloquer l'entrée de couches plus larges de la population active dans la lutte contre Macron. Le RN veut aussi tirer profit de la répression des agriculteurs et des travailleurs par Macron et de la faillite des bureaucraties syndicales et de leurs alliés politiques de pseudo-gauche, pour avancer le néofascisme dans les élections européennes de 2024 et les présidentielles de 2027.

Cela souligne la nécessité, alors que les cheminots allemands organisent une puissante grève, d'organiser un mouvement international de la classe ouvrière européenne contre la guerre et contre l'UE.

Le mouvement des agriculteurs français a éclaté à la suite d’actions menées par les agriculteurs en Allemagne et en Pologne. Dimanche, les agriculteurs belges ont aussi bloqué l'autoroute E42 au nord de Namur. L'éruption de l'opposition sociale à travers l'Europe reflète la nature internationale de la lutte contre les politiques d'austérité des Etats capitalistes et l'impact de la guerre OTAN-Russie en Ukraine sur les conditions sociales à travers l'Europe.

Les Etats de l'UE ont envoyé des centaines de milliards d'euros en aide militaire pour la guerre et l'ont utilisée pour justifier une campagne massive de réarmement. Toutes ces mesures ont été financées par des coupes sombres dans les programmes sociaux - en particulier, en France, dans les retraites, mais aussi dans les subventions agricoles. Les agriculteurs sont touchés par les hausses de prix des engrais, qui ont fortement augmenté au début de 2022 et sont encore deux fois plus élevés qu'en 2020.

La menace d'une répression contre les agriculteurs souligne l'urgence de l'appel du Parti de l'égalité socialiste à une large mobilisation des travailleurs pour les défendre contre Macron. Comme les travailleurs européens, les agriculteurs français et leurs collègues à travers l’Europe sont attaqués par la classe dirigeante européenne afin de financer des projets fous d'escalade militariste contre la Russie, l'Iran et la Chine.

Seule une mobilisation massive des travailleurs et une attaque frontale contre les richesses de la classe capitaliste permettront de garantir l'approvisionnement alimentaire, de stopper la guerre et d'obtenir les investissements nécessaires pour créer une agriculture écologique durable.

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