Perspective

Biden s’engage à fermer la frontière afin d’obtenir des fonds pour la guerre en Ukraine

Dans une déclaration publiée vendredi soir par la Maison-Blanche, le président Joe Biden a promis à ses «collègues» républicains de «fermer» la frontière entre les États-Unis et le Mexique si les républicains contribuaient à l’adoption d’un programme de financement supplémentaire de 110 milliards de dollars. La déclaration de Biden a été publiée deux jours après que le gouverneur du Texas, Greg Abbott, a déclaré que les migrants demandant l’asile constituaient une «invasion» de son État et justifiaient son usurpation de l’autorité fédérale sur la frontière.

Le président Joe Biden s'adresse aux médias avant de monter à bord de Marine One sur la pelouse sud de la Maison-Blanche, le jeudi 18 janvier 2024. [AP Photo/Yuri Gripas]

Le projet de loi supplémentaire pour la guerre est en suspens depuis le mois d’octobre en raison des objections des républicains qui estiment que le projet de loi – qui comprend plus de 61 milliards de dollars de financement pour la guerre par procuration contre la Russie en Ukraine – ne comprend pas d’attaques suffisamment brutales contre les immigrés, notamment le rétablissement de la politique de Trump «Restez au Mexique» et la quasi-élimination du droit d’asile.

Le projet de loi de financement supplémentaire prévoit également 14,5 milliards de dollars pour Israël, 14 milliards de dollars pour la sécurité des frontières et des milliards de dollars supplémentaires pour l’aide militaire à Taïwan et à d’autres régimes d’Asie du Sud alignés sur les États-Unis contre la Chine.

Pour tenter d’obtenir le soutien des républicains au programme de guerre, Joe Biden a déjà procédé à plus d’expulsions au cours de l’année écoulée que Trump en 2019, et il a repris la construction de certaines parties du mur frontalier de Trump.

En réponse à l’opposition de Trump – qui a l’appui du président républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson – à tout accord frontalier avec Biden et les démocrates, Biden a maintenant adopté le langage de l’ex-président fasciste et a déclaré qu’il «fermera la frontière» le jour où son projet de loi de financement de la guerre supplémentaire sera adopté et signé.

La déclaration de la Maison-Blanche a répété le mantra républicain selon lequel «la frontière ne fonctionne plus». Elle note que le projet de loi de financement supplémentaire accorderait à Joe Biden «une nouvelle autorité d’urgence pour fermer la frontière lorsqu’elle est débordée». Elle a ajouté que les nouvelles politiques demandées par Biden représenteraient «l’ensemble de réformes le plus sévère et le plus juste pour sécuriser la frontière que nous n’ayons jamais eu dans notre pays».

Selon les médias, le projet de loi prévoit notamment la détention de tous les adultes célibataires et la fermeture obligatoire de la frontière entre les États-Unis et le Mexique si les «contacts» avec les migrants atteignent une moyenne de 5.000 par jour. Un nombre supérieur à ce chiffre a été signalé pratiquement tous les jours au cours des derniers mois.

La limite de 5.000 «contacts» inclut 1.400 demandes légales par l’intermédiaire de l’application de la douane et de la protection des frontières connue sous le nom de CBP One. Cela signifie que seuls 3.600 immigrants par jour auraient la possibilité de demander l’asile.

Des officiers fédéraux à San Diego enlèvent les menottes à quelques hommes avant de les libérer à travers une porte dans un mur frontalier à Tijuana, au Mexique, mercredi 15 mars 2023. [AP Photo/Gregory Bull]

Une fois le seuil atteint, la nouvelle loi permettrait au président d’imposer une fermeture, ce qui obligerait les agents de la patrouille frontalière à expulser immédiatement, sans traitement, tout immigrant franchissant la frontière. Pendant la fermeture, aucun immigrant ayant franchi la frontière ne pourrait demander l’asile en vertu du titre 8.

La fermeture ne pourra être levée que lorsque les «contacts quotidiens» seront en moyenne inférieurs à 3.750 par jour sur une période de deux semaines, ce qui ne s’est pas produit depuis des mois. En outre, tout migrant qui tenterait de franchir la frontière à deux reprises au cours d'une fermeture se verrait interdire l’entrée sur le territoire américain pendant un an.

Lors de sa campagne contre Trump en 2020, Biden a promis d’instaurer des politiques d’immigration plus humaines. Avec sa déclaration de vendredi, lui et le Parti démocrate adoptent ouvertement la politique fasciste anti-immigrés de Trump et des républicains.

La déclaration de la Maison-Blanche a noté que le projet de loi incluait le financement de la frontière demandé par Biden lui-même en octobre, prévoyant «1.300 agents supplémentaires de la patrouille frontalière, 375 juges de l’immigration, 1.600 agents d’asile, et plus de 100 machines d’inspection de pointe…»

Le sénateur James Lankford, l’un des principaux négociateurs pour les républicains sur le plan supplémentaire, a vanté les changements draconiens de la politique frontalière dans la proposition de loi bipartisane du Sénat. Il a déclaré à l’émission «Fox News Sunday»:

«Le projet de loi se concentre sur l’objectif de zéro passage illégal par jour. Il n’y a pas d’amnistie. Il augmente le nombre d’agents de la patrouille frontalière et le nombre d’officiers chargés des demandes d’asile. Il augmente le nombre de lits de détention afin que nous puissions rapidement détenir et expulser les personnes».

Lankford a ajouté que le projet de loi prévoyait «des vols d’expulsion supplémentaires» et «modifiait notre procédure d’asile de manière à ce que les personnes bénéficient d’un examen rapide de leur demande d’asile selon des normes plus strictes et soient ensuite renvoyées dans leur pays d’origine».

Plus de 48 heures après que Biden a accédé aux demandes des républicains qui mettront des millions d’immigrés, dont plus de 2,5 millions de «dreamers» (immigrés sans papiers arrivés aux États-Unis alors qu’ils étaient mineurs), en danger d’expulsion, les membres dirigeants des Socialistes démocrates d’Amérique n’avaient toujours rien dit.

La députée de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, qui avait traité de «privilégiés» les critiques socialistes et de gauche de son soutien aux politiques d’immigration de Biden, n’a pas encore publié de tweet sur l’un ou l’autre de ses comptes de médias sociaux X/Twitter ou fait un post sur Instagram pour s’opposer à la mesure. Lors de son passage à l’émission «Meet the Press» de NBC dimanche, elle n’a pas été interrogée sur la promesse de Biden de fermer la frontière et n’a pas soulevé la question elle-même.

Trois autres membres actuels des DSA à la Chambre des représentants – Cori Bush (Missouri), Greg Casar (Texas) et Rashida Tlaib (Michigan) – n’ont pas encore publié de déclaration dénonçant Biden pour avoir sacrifié le sort des immigrants afin d’assurer le financement de la guerre en Ukraine et du génocide dans la bande de Gaza.

Leur silence n’est pas un oubli. Les démocrates, y compris les faux socialistes et les «progressistes» autoproclamés, collaboreront avec les républicains pour mettre en œuvre leur programme national fasciste en échange du financement de la guerre en Ukraine et de la guerre qui s’étend au Moyen-Orient. Aucune attaque contre les droits démocratiques n’est intolérable.

C’est ce qu’a souligné l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, lors de l’émission «State of the Union» sur CNN. Pelosi a demandé au FBI d’enquêter sur les manifestants contre le génocide, dont certains, a-t-elle affirmé, sans fournir la moindre preuve, étaient des «agents russes».

Elle a dit: «Le fait qu'ils appellent à un cessez-le-feu est le message de Poutine. Ne vous y trompez pas, c’est directement lié à ce qu’il aimerait voir. C’est la même chose pour l’Ukraine. C’est ce que veut Poutine».

Ces développements démontrent qu’un vote pour «Génocide Joe» et les démocrates en novembre n’est pas un moyen de lutter contre l’autoritarisme de Trump, mais une garantie que les attaques contre les droits démocratiques et les conditions sociales de la classe ouvrière s’intensifieront.

La classe ouvrière ne peut pas défendre ses droits démocratiques, en Amérique ou ailleurs, en soutenant l’un ou l’autre des partis capitalistes. Le choix entre Trump et Biden n’est pas un choix du tout. Il n’y a pas de «moindre mal». Il y a deux partis représentant des factions réactionnaires rivales d’une classe dirigeante capitaliste en crise qui s’engage à faire la guerre mondiale, à imposer la dictature et à appauvrir la classe ouvrière.

La guerre contre les immigrés – menée par la classe dirigeante dans tous les pays – est le fer de lance de l’assaut contre les droits démocratiques de l’ensemble de la classe ouvrière. Elle doit être combattue par les travailleurs de tous les pays dans le cadre de la lutte contre la barbarie capitaliste, à travers la lutte révolutionnaire pour le socialisme.

(Article paru en anglais le 29 janvier 2024)

Loading