Les syndicats du secteur public québécois signent des ententes de trahison

Rejetons les ententes pourries! Étendons la grève pour défendre les services publics et les conditions de travail!

Le texte qui suit a été soumis par un éducateur spécialisé qui est membre d’un syndicat faisant partie du Front commun, et également membre du Comité de base de coordination des travailleurs du secteur public du Québec.

Les chefs syndicaux – autant du Front commun que de la FAE et de la FIQ – sont en train de torpiller la lutte des travailleurs du secteur public québécois et imposer des contrats au rabais. Sans surprise, ils cherchent à utiliser le temps des Fêtes pour démobiliser les travailleurs et manipuler le processus de négociation pour parvenir à leurs fins.

La FSE-CSQ, un groupe de syndicats de l’enseignement au sein du Front commun, a accepté une entente sectorielle juste avant les Fêtes. Les jours suivants ont vu la conclusion d’ententes parmi toutes les instances du Front commun.

Le 27 décembre, c’était au tour de la FAE de signer une entente à la fois sectorielle et globale. Le lendemain, elle annonçait la fin de la grève générale illimitée de plus de 36 jours de ses 66.000 membres.

Toujours le jeudi 28 décembre, le Front commun a annoncé une entente dite «intersectorielle» qui touche aux questions salariales. C’est ce qui manquait pour que les ententes soient soumises aux votes des délégués.

Des travailleurs manifestant le 21 novembre, lors d’une journée de débrayage du Front commun

Signe que ces ententes sont pleines de concessions, l’attaché de presse de la ministre Sonia Lebel les a qualifiées d’«importante proposition» qui serait d’une durée de cinq ans et amènerait «une plus grande souplesse dans les conventions collectives». Autrement dit, il y aura de nouveaux reculs majeurs dans les conditions de travail et les droits syndicaux des travailleurs.

Comme toujours, les bureaucrates syndicaux nous gardent divisés les uns des autres, ils nous laissent dans le noir sur ce qui a été signé en coulisses, et ils refusent de mobiliser l’appui populaire dont nous jouissons pour étendre la lutte pour défendre les services publics. S’ils refusent de dévoiler les ententes aux membres, c’est parce que leur contenu est pourri.

1) La direction syndicale a déjà admis avoir reculé sur la question des salaires, sur la durée du contrat et sur la «flexibilité», c’est-à-dire l’aggravation des conditions de travail.

2) Si le contenu était si bon, les chefs syndicaux se seraient empressés de faire voter les travailleurs, au lieu d’attendre jusqu’en janvier. N'était-ce pas leur objectif avoué de mettre fin au conflit le plus vite possible?

3) Selon des reportages, plusieurs syndicats, y compris la FSE-CSQ, n'oseraient pas recommander les ententes aux délégués. Sachant que l'entente est mauvaise et qu'elle pourrait être rejetée, ils veulent donner l’impression qu’ils n’y sont pas trop associés, tout en se laissant une marge pour manoeuvrer pour la suite des choses.

Les 600.000 travailleurs du secteur public doivent exiger que toutes les ententes leur soient transmises dès maintenant. Des assemblées générales d’urgence doivent être organisées pour permettre aux travailleurs de prendre connaissance de tout le contenu et de questionner les responsables syndicaux. Et tout vote doit être précédé d’un débat ouvert, exhaustif et sérieux.

Les travailleurs doivent être sur leur garde. Dans leurs efforts pour mettre un terme au mouvement d’opposition et garantir le retour de la «paix sociale», les chefs syndicaux vont faire passer les concessions pour des «avancées». Or, considérant que les ententes comprennent assurément des reculs inacceptables, les travailleurs doivent se préparer immédiatement à s’y opposer et à relancer la lutte.

Depuis le début, ce mouvement a eu, et a toujours, le potentiel de déclencher un puissant mouvement de la classe ouvrière contre le programme d’austérité et de guerre de la classe dirigeante.

Mais les syndicats craignent avant tout une explosion de la lutte des classes. En tant que défenseurs du système capitaliste en déroute, ils sont déterminés à étouffer la colère des travailleurs qu’ils disent «représenter».

Les travailleurs de tout le secteur public ne pourront aller de l’avant qu’en s’organisant dans des comités de base, indépendamment des appareils syndicaux. Ils pourront ainsi s’unir au-delà des divisions sectorielles et lancer un mouvement de grève générale illimitée. Ce qui requiert un tournant vers leurs véritables alliés: les autres sections de travailleurs – au public comme au privé, pas juste au Québec mais partout au Canada – qui dépendent tous des services publics de qualité et qui nous soutiennent toujours dans notre juste lutte.

C’est aussi en mobilisant la pleine puissance politique et sociale de la classe ouvrière que nous pourrons contrer les lois spéciales déjà rédigées sur le coin du bureau de Legault.

Au final, notre lutte est celle de tous les travailleurs. Il nous faut étendre le mouvement de grève pour le transformer en contre-offensive ouvrière pour mettre fin aux coupures sociales, aux inégalités et à la guerre.

Le mot d’ordre doit être: emplois pour tous, salaires décents pour tous, services publics de qualité pour tous!

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