Des dizaines de milliers de personnes manifestent à Ottawa contre l’assaut génocidaire d’Israël sur Gaza

Plus de 50.000 personnes ont participé samedi à la «Marche nationale sur Ottawa», ce qui en fait la plus grande manifestation au Canada à ce jour contre le génocide israélien mené contre les Palestiniens de Gaza et qui est soutenu par l’impérialisme.

Les manifestants dans la capitale du Canada ont rejoint ainsi des millions d’autres personnes dans le monde entier qui ont exprimé leur indignation face au massacre aveugle d’hommes, de femmes et d’enfants perpétré par l’armée israélienne depuis les six dernières semaines.

Vue partielle de la foule massive qui est descendue sur Ottawa pour exiger l’arrêt immédiat du massacre des Palestiniens à Gaza menée par l’État israélien [Photo: Joe Morin/X (Twitter)]

Cette manifestation est un désaveu massif de la campagne d’intimidation et de chasse aux sorcières menée par l’establishment politique et les grands médias à l’encontre des opposants à l’assaut génocidaire mené contre les Palestiniens à Gaza.

Du Premier ministre Justin Trudeau aux partis politiques représentés au Parlement, tous ont qualifié l’opposition à l’assaut brutal d’Israël d’«antisémite» et de soutien au «terrorisme» du Hamas. Le Nouveau Parti Démocratique (NPD) – qui soutient le gouvernement libéral fédéral minoritaire pro-guerre et pro-austérité – est allé jusqu’à expulser l’une de ses députées, Sarah Jama, de son caucus au Parlement de l’Ontario. Le «crime» de Sarah Jama est d’avoir osé qualifier Israël d’«État d’apartheid», ce que de nombreuses organisations internationales reconnaissent, et d’avoir déclaré son soutien aux Palestiniens.

Selon les estimations, la manifestation de samedi devant le Parlement canadien a rassemblé entre 50.000 et 100.000 personnes. Des manifestations ont également eu lieu ailleurs au Canada en fin de semaine, notamment à Vancouver samedi, où plusieurs milliers de personnes se sont jointes à une marche partant de l’Art Gallery, et à Edmonton dimanche, où quelque 500 personnes ont manifesté.

S’adressant à la CBC, un participant à Ottawa, faisant clairement référence à la pause opérationnelle actuellement en place qui équivaut à une opportunité pour l’armée israélienne de recharger en préparation de la prochaine étape de sa campagne génocidaire, commentait: «Nous n’arrêterons pas [de protester], et nous exigeons un cessez-le-feu. Nous ne nous arrêterons pas tant que nous ne l’aurons pas obtenu et tant que notre peuple ne sera pas en sécurité et en mesure de vivre dans son foyer et sur ses terres comme il se doit, et comme tout le monde a le droit».

Autre signe de l’ampleur de l’opposition au génocide parmi les travailleurs, une pétition électronique adressée au Parlement et demandant au gouvernement Trudeau d’appeler à un cessez-le-feu permanent a recueilli le plus grand nombre de signatures de toutes les pétitions électroniques depuis le début de cette pratique en 2015. Lorsque la pétition électronique s’est terminée jeudi dernier, elle avait été signée par 286.719 personnes. Le gouvernement libéral dispose de 45 jours pour répondre à la pétition, mais Trudeau a maintes fois fait part de son hostilité à un cessez-le-feu.

La classe dirigeante répond à l’opposition populaire contre l’attaque génocidaire d’Israël par une indignation non dissimulée. En Ontario, le gouvernement progressiste-conservateur de droite radicale mène une chasse aux sorcières contre les étudiants et les professeurs d’université qui se sont élevés contre le bombardement de Gaza par le régime israélien. La ministre de l’Enseignement post-secondaire, Jill Dunlop, a lu les noms des «contrevenants» dans le registre public depuis l’assemblée législative de la province. Des dizaines de travailleurs et de professionnels ont été licenciés ou chassés de leur emploi en raison de commentaires critiques formulés sur les médias sociaux ou lors de manifestations.

Aussi importante qu’était la participation à la manifestation de samedi, il n’en reste pas moins que la perspective politique avancée par ses organisateurs, dont Palestinian Youth Movement (PYM), le mouvement de la jeunesse palestinienne, et Jews Say No to Genocide (Juifs disant non au génocide), est tout à fait erronée. Elle consiste en des appels à Trudeau et à l’establishment impérialiste canadien dans son ensemble dans l’espoir qu’ils se rendent compte de leur erreur et qu’ils prennent la défense du peuple palestinien. Comme le dit le PYM dans son annonce de la manifestation, «Ensemble, un chœur populaire devient impossible à ignorer pour le gouvernement canadien». Ce «chœur populaire» réclame «la fin de la complicité canadienne dans le génocide en cours à Gaza et à la colonisation de la Palestine» et l’arrêt de toutes ventes d’armes canadiennes à Israël.

Il faut se demander de qui les organisateurs de la manifestation pensent se moquer. Ils s’adressent à un gouvernement libéral qui, tant avant que depuis l’éclatement du dernier conflit à Gaza, défend Israël contre toute critique concernant ses violations du droit international et ses crimes de guerre. En effet, Ottawa soutient le régime de Netanyahou dans la perpétration du génocide et de la purification ethnique à Gaza avec autant d’acharnement que l’administration Biden aux États-Unis.

Lors des votes à l’Assemblée générale des Nations unies, tant sous le gouvernement conservateur Harper que maintenant sous celui du libéral Trudeau, le Canada s’est joint aux États-Unis à maintes reprises en étant le seul grand pays à refuser de condamner les politiques israéliennes illégales à Gaza et en Cisjordanie, notamment la violence systématique exercée par les colons d’extrême droite contre les Palestiniens en Cisjordanie. Par ailleurs, Ottawa entretient des relations étroites avec l’armée israélienne, lui ayant fourni des équipements d’une valeur de plus de 21 millions de dollars pour la seule année 2022.

Il convient d’ajouter que le Canada, qu’il soit dirigé par des gouvernements conservateurs de droite ou par des gouvernements libéraux prétendument «progressistes», a participé à pratiquement toutes les guerres d’agression menées par les États-Unis au cours des trois dernières décennies : depuis la guerre d’Irak en 1991 et le bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN en 1999, jusqu’à l’Afghanistan pendant une décennie à partir de 2001, la Libye en 2011 et la Syrie-Irak à partir de 2014.

L’impérialisme canadien joue actuellement un rôle majeur dans la guerre menée par les États-Unis et l’OTAN contre la Russie en Ukraine, où il collabore étroitement avec des forces fascistes louangeant Stepan Bandera, le dirigeant de l’Organisation des nationalistes ukrainiens collaboratrice des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le soutien inconditionnel d’Ottawa au régime d’extrême droite de Netanyahou n’est pas le fruit d’une simple erreur d’appréciation pouvant être corrigée advenant une pression suffisante exercée de la base. Il est au contraire indissociable de la volonté de l’impérialisme américain de consolider son hégémonie au Moyen-Orient dans le cadre d’une redivision du monde entre les puissances impérialistes. Depuis plus de huit décennies, le Canada dépend de la position dominante de l’impérialisme américain dans le monde pour poursuivre ses propres intérêts impérialistes mondiaux, une politique que l’élite dirigeante intensifie aux premiers stades de la Troisième Guerre mondiale se profilant à l’horizon.

La tâche urgente à laquelle sont confrontés les dizaines de milliers de participants de la manifestation de samedi et les centaines de milliers d’autres qui ont rejoint les autres manifestations partout au Canada depuis le début du mois d’octobre est de se tourner vers la classe ouvrière, la seule force sociale capable d’arrêter le génocide à Gaza. Au lieu de lancer des appels inutiles à Trudeau et à ses alliés syndicaux et néo-démocrates, les manifestants doivent exhorter les travailleurs à cesser de fournir à Israël tout matériel militaire et autre pouvant servir à des fins militaires concevables. Les travailleurs des industries fabriquant ou préparant du matériel destiné à la machine de guerre israélienne doivent être invités à arrêter immédiatement toute production. Plus largement, les travailleurs de tous les secteurs économiques doivent être appelés à se mobiliser dans le cadre d’une grève générale politique pour s’opposer au soutien des puissances impérialistes au génocide israélien.

Cette lutte doit être menée sur une base internationale. Les conditions sont extrêmement favorables, comme le montrent les manifestations hebdomadaires mondiales menées pour la défense des Palestiniens et les luttes de plus en plus militantes des travailleurs dans le monde entier contre les hausses de prix punitives, l’inégalité sociale endémique et les attaques de plus en plus importantes de l’élite capitaliste contre les droits sociaux et démocratiques. Pour mener ce combat, les travailleurs et les jeunes doivent construire un mouvement anti-guerre mondial dirigé par la classe ouvrière. Nous invitons tous ceux qui sont prêts à s’engager dans cette lutte à nous contacter dès aujourd’hui.

(Article paru en anglais le 28 novembre 2023)

Loading